Mélanie Isaac et Arty Leiso, lauréats des Franc’Off 2019

6 septembre 2019

Partenaire des Franc’Off, PlayRight est allée à la rencontre des deux premiers lauréats du concours qui avait lieu cet été dans le cadre du festival des Francofolies de Spa. Tous deux interprètes et auteurs, Mélanie Isaac et Arty Leiso nous en disent plus sur leurs parcours, leurs influences, leurs inspirations et aussi sur leurs projets à venir.

Est -ce que vous pouvez nous en dire plus sur votre parcours, votre premier concert ou encore comment vous avez lancé votre carrière ?

Mélanie Isaac : Un premier concert ? J’avais dix ans. Je venais d’apprendre mes premiers accords à la guitare. Un soir avec mes parents, nous nous sommes rendus à une fête. Pour animer la soirée, il y avait un groupe de papys cools qui jouaient une espèce de blues rock, je ne sais plus très bien. Mais je me souviens très précisément avoir fixé du regard le micro toute une partie de la soirée. Une fois le dessert digéré, j’ai pris mon courage en mains et ai demandé au chanteur s’il pouvait me laisser sa guitare et sa place le temps d’une chanson. C’est la main tremblante sur un Sol Majeur, entonnant un air de Françoise Hardy, « Tous les garçons et les filles », que j’ai fait mon premier pas vers un public. Comme quoi, la chanson française à tendance « romantico-mélancolique », c’est un peu comme une drogue dure, tu en prends une fois, tu es accro à vie (rire). La suite s’est enchaînée plus ou moins naturellement, je dirais. Je me suis débrouillée pour apprendre d’avantage, rencontrer des musiciens, former des groupes de reprises en tous genres tout en écrivant en secret mes premières chansons. Ces chansons, je n’ai osé les partager que plus tard, après avoir décroché un diplôme d’école supérieure non artistique dont j’espérais vraiment ne jamais avoir à me servir. Evidemment, il y a eu et il y a toujours la nécessité d’accumuler des jobs pour remplir le frigo et financer des productions. Heureusement aussi, j’ai eu la chance de faire de belles rencontres musicales, collaborations, d’enrichir ma palette. J’ai la mémoire qui chauffe joyeusement à l’idée d’énumérer toutes ces étapes de parcours mais ça serait sans doute un peu long. Il y a cette phrase dans une des chansons que je prévois d’enregistrer bientôt qui résume peut-être assez bien l’idée que je me fais d’une vie de créations : « Mise au hasard d’une exigence, laisse le repos pour les prudentes ». Si je regarde en arrière, jusqu’ici, mon rêve mégalo et moi, je me dis qu’on ne s’en sort pas si mal.

Arty Leiso : J’ai commencé à faire de la musique très tôt en allant à l’académie classique quand j’étais petit tout en étant baigné dans le Jazz à la maison. À un moment j’en ai eu marre de la guitare classique et j’ai arrêté l’académie. Ce que je voulais c’était du Nirvana, un truc qui cogne quoi (rire) ! Alors mon père m’a montré les gros accords, j’ai commencé à jouer avec les copains et à apprendre tout seul en écoutant les Beatles, entre autres. Et après les humanités, j’ai fait le Jazz studio à Anvers puis le Conservatoire de Bruxelles au sein de la section Jazz, sans pour autant vouloir me lancer dans une carrière Jazz. En fait quand tu souhaites étudier la musique, il n’y a pas beaucoup d’options à part le jazz et le classique côté francophone, sauf exception. J’avais déjà pas mal de projets sur le côté, avec Alice Spa (pop-folk acoustique) ou encore mon groupe Purpleized (reggae-rock).

Vous êtes tous les deux auteurs et interprètes. Quelles sont vos influences, vos inspirations et comment décririez-vous votre projet musical ?

Mélanie Isaac C’est un travail. Bien sûr, ce travail est sous-tendu de compétences, de méthode, … Mais je n’aime pas trop ce terme de « projet musical ». J’ai envie de continuer à croire, probablement un peu naïvement qu’au moment de « l’acte », être auteure, musicienne, chanteuse c’est avant tout un état. Il y a au cœur de ma démarche je pense, une forme de quête de soi ou plutôt même, de précision de soi. Une chanson, trois minutes, c’est court. Il s’agit de choisir un angle de vue, de ramasser sa vision, d’en faire un truc plus ou moins intelligible tout en y laissant suffisamment d’espace pour qu’un auditeur puisse y projeter sa propre vision, son propre état. Sans prétendre y parvenir, je crois que je cherche à produire des petites bulles musicales intemporelles, véhiculant des sentiments plus ou moins primaires. J’aime le mot poétique et la note électro-pop. La vie, ma vie entière m’influence. Chaque rencontre, expérience, voyage, coup de cœur musical finit j’imagine par se distiller quelque part au moment de la composition.

Arty Leiso : J’adore composer. J’ai commencé à aimer chanter de plus en plus, et donc je compose, j’écris et j’interprète. En fait, pendant des années j’ai tout fait de A à Z, que ce soit la composition, la musique, les vidéos, les montages. Pendant 10 ans j’ai économisé et j’ai monté mon home studio. Mais depuis 7 mois je fais ma base à la maison et je trouve des arrangeurs et réenregistre dans des plus gros studios où on m’aide à faire mes beat ou mes morceaux de manière plus propre. Je ne peux pas tout faire en même temps, je suis musicien, je compose, j’enregistre, je mixe, je fais mes clips, je les monte, je fais l’étalonnage, je communique sur mon projet… bref là, il est temps de me concentrer et de déléguer certaines choses, notamment pour les vidéos et les arrangements de mes enregistrements. Avant je voulais tout faire tout seul mais c’est impossible. Et il y a quatre ou cinq ans j’ai commencé à faire de la chanson pour mettre en parole des trips avec les copains. De fil en aiguille j’ai de plus en plus chanté, et cela fait un an que j’ai lancé le projet Artie Leiso. C’est un spectacle à part entière avec des mini sketch, une mise en scène et de la chanson. J’ai créé tout un univers autour d’Arty Leiso : les chansons, les clips ; etc. Pour la partie spectacle, j’ai fait appel à un ami et on est deux sur scène, il est là pour le travail scénique. Il y a vraiment toute la partie production où je suis seul et lui vient sur scène.

Arty Leiso aux Francofolie de Spa (2019)

Vous avez respectivement gagné le premier et second prix dans le cadre des Franc’Off 2019, est ce que vous pouvez revenir sur votre expérience aux Francofolies de Spa ?

Mélanie Isaac : Les concours, tout ça, on ne sait jamais vraiment à quoi cela tient d’autant que la concurrence y est souvent très belle. Dans ce cas ici, je n’y croyais pas du tout. Avec les musiciens qui m’accompagnent habituellement sur scène, nous avons été victimes d’une impossibilité à synchroniser nos agendas. C’est ainsi que j’ai dû me résoudre à aller défendre mes chansons seule en scène, avec ma guitare et mon piano, ce que je n’avais fait depuis des années. À l’heure actuelle, alors que la plupart des artistes se produisant sur scène en solo le font avec des ordinateurs et des bandes préenregistrées, l’accueil si chaleureux fait à ma proposition, c’était vraiment une surprise ! Au-delà du prix et du plaisir d’avoir rencontré un nouveau public, ce que je retiens de cette expérience est un sentiment de liberté inestimable, l’envie de m’organiser une petite tournée bras dessus bras dessous avec ma guitare, de prendre des trains, de revenir avec un carnet de voyage en chansons, d’appeler les musiciens et de préparer un beau concert en groupe pour la prochaine édition des Francofolies. Reste à voir si le planning le permettra, évidemment. (sourire)

Arty Leiso : Alors j’avais déjà fait les franco il y a deux ans avec Alice Spa et j’étais très excité à l’idée de les refaire. Au niveau du concours, je n’ai jamais vu cela : l’accueil est incroyable, on joue DANS l’enceinte du festival parmi les autres artistes, les conditions scéniques sont idéales… Par exemple c’était la première fois que je jouais avec des micros sans fil et c’est une vraie liberté. On a une visibilité similaire aux autres artistes qui sont à l’affiche du festival, il n’y a pas de distinction. C’est la première fois que je vois un festival où les musiciens d’un concours sont traités à égale des autres artistes. On reçoit même un défraiement, ce qui peut paraitre normal mais n’est vraiment pas automatique. Pour couronner le tout, j’ai eu la chance de jouer trois fois cette, une fois avec Alice Spa et deux fois en tant qu’Arty Leiso.

Vous travaillez comme artiste depuis quelques années maintenant. Comment vous gérez votre carrière professionnelle ?

Mélanie Isaac : Jusqu’ici, je suis mon propre agent, mon propre label, mon propre manager. Evidemment parfois j’aimerais me reposer sur équipe professionnelle et n’avoir qu’à me concentrer sur la chanson. Cela viendra peut-être un jour. Pour le moment, je me fais à l’idée de m’auto-manager et me dit que c’est aussi de la création. Je l’envisage de façon ludique. Ça prend naissance durant les rares temps morts. Je me pose et je me rêve. J’aime me demander : « Quel est le truc le plus fou que tu pourrais faire ? » « Quel est l’artiste dont tu admires le travail et avec lequel tu voudrais collaborer ? » « Ça serait quoi le plus beau des concerts ? »,… Quand j’ai quelques réponses il me reste à oser prendre le risque et à m’organiser méticuleusement. Je n’ose pas toujours, parfois je me plante ou cela peut aussi m’emmener complètement ailleurs de ce que j’avais imaginé et heureusement sinon le jeu ne serait pas si drôle. Pour la paperasse, oui, j’ai une activité chez Smart. Aussi, j’ai eu l’occasion de suivre quelques formations sur les droits, les contrats. J’apprends sur le tas et avec chance Art-I, au-delà de son rôle de bookeur, est toujours présent s’il me vient des questions que je ne parviens à élucider seule. C’est précieux !

Arty Leiso :  Alors ça, ça me fait un petit peu peur. Je suis indépendant, en tant que musicien je n’ai pas de revenu constant et j’ai ouvert un glacier- salon de thé avec ma mère. Donc je facture mes cachets en tant qu’indépendant mais là je me repose pleins de questions. Parfois je suis un peu perdu, je ne sais pas à qui demander. J’ai fait aussi quelques formations, comme celle de Management avec le Conseil de la Musique et ça m’a vraiment aidé. J’ai aussi profité des formations de ça balance. Maintenant j’ai beaucoup de questions mais je ne sais pas vers qui me tourner. Donc je réfléchis à tous ça, et à toute l’équipe qui est derrière : qui est payé combien et comment, etc.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Mélanie Isaac : J’ai dans la tête et sur le bureau de mon ordinateur le titre d’un album. La plupart des chansons sont déjà écrites et composées, certaines à quatre mains. Le travail de pré- production avec un de mes fidèles collaborateurs a commencé quelques jours après le Franc’Off. Parce que la création d’objets audiovisuels me passionne de façon de plus en plus décomplexée, j’ai aussi rédigé des notes d’intentions et rassemblé des images pour deux videoclips. Mais je ne vais pas tout vous dire maintenant parce que je suis une grande angoissée et que parler sans avoir fait, terminé, pourrait vraiment m’empêcher de dormir.

Arty Leiso : Depuis les franco’Off, je remets tout à plat : qu’est-ce que je veux faire avec mon projet, quelle est l’essence de mon projet, ce que je dois faire. J’ai un manager qui me pousse et m’accompagne dans mon projet et ça me booste. On a été approché par un bookeur qui nous propose une année de contrat. Donc là j’essaie de voir comment ça fonctionne, qui touche quoi, quelle est la législation, etc…  J’ai plusieurs concerts à venir, tout est sur ma page facebook. Je travaille aussi beaucoup sur mon album et espère pouvoir le sortir début novembre, ça fait longtemps que je travaille dessus et j’ai envie de faire une grosse soirée pour la sortie de l’album.


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