David Numwami & David Poltrock : sacrés meilleurs musiciens par le secteur

8 mars 2019

Les Décibels Music Awards (DMA) et les Music Industry Awards (MIA’s) sont les événements musicaux télévisés les plus importants en Belgique. Décernés en début d’année, les prix sont remis à des artistes qui ont marqué l’année musicale qui vient de s’achever. 

Outre les prix du public, la tradition veut que quelques prix soient décernés par les professionnels du secteur de l’industrie francophone et néerlandophone de la musique.  L’un des prix remis par le secteur est donc celui de « meilleur musicien » / «Beste Muzikant». Cette année, le prix a été attribué à David Numwani pour la communauté française et à David Poltrock pour la Flandre.

David Numwami est guitariste sur la tournée de la chanteuse et actrice française Charlotte Gainsbourg depuis près de deux ans. Musicien de session et arrangeur, il s’est fait remarquer à travers son projet « Le Colisée » et collectionne les collaborations. David Poltrock a près de 20 ans d’expérience derrière lui et est ce qu’on appelle un  « touche-à-tout ». Tour musician  et musicien de session pour Hooverphonic et Triggerfinger, il est aussi producteur, arrangeur et compose aussi bien pour des artistes et que des productions audiovisuelles belges. Ces deux musiciens aux parcours variés ont aussi beaucoup de points communs, en plus de leurs prénoms. Ces geeks du studio ont une passion incontestée pour l’expérimentation du son et de la musique.

Outre les prix du public, la tradition veut que quelques prix soient décernés par les professionnels du secteur de la musique.  L’un des prix remis par le secteur est donc celui de « meilleur musicien ». Cette année, ce prix a été attribué à David Numwani (aux Décibels) et à David Poltrock (aux MIAs).

Jeune musicien de session et arrangeur, David Numwami s’est fait remarquer à travers son projet « Le Colisée » et collectionne les collaborations. Il collabore actuellement avec la chanteuse et actrice française Charlotte Gainsbourg avec qui il tourne depuis près de deux ans en tant que guitariste.

David Poltrock a près de 20 ans d’expérience derrière lui et est ce qu’on appelle un « touche-à-tout ». Tour musician et musicien de session pour Hooverphonic et Triggerfinger, il est aussi producteur, arrangeur et compose aussi bien pour des artistes et que des productions audiovisuelles belges. Ces deux musiciens aux parcours variés ont aussi beaucoup de points communs, en plus de leurs prénoms. Ces geeks du studio ont une passion incontestée pour l’expérimentation du son et de la musique. 

D6bels Music Awards 2019 – Luc Gulinck (Président de PlayRight) remet le prix de meilleur musicien David Numwami –

Félicitations respectives pour vos prix de « meilleur musicien » aux D6bels Music awards et aux Music Industry Awards ! Est-ce-que vous vous y attendiez ?

David Numwami : alors non, je m’attendais vraiment à ne pas l’avoir pour tout dire ! « Meilleur musicien », je trouve que c’est un prix assez inhabituel. Ça fait énormément plaisir en tous cas.

David Poltrock: Non je ne m’y attendais pas du tout. Je suis musicien professionnel depuis près de 25 ans et, au début de ma carrière, il y avait des gens qui disaient que ce serait bien que je sois nommé aux ZAMU Awards (les MIA’s de l’époque). C’est la période où j’ai commencé à tourner avec Hooverphonic. Mais ça ne s’est jamais produit, ce qui ne me dérangeait pas. Maintenant, j’ai sorti une trilogie sous mon propre nom, Poltrock, et je suppose qu’elle a atteint le grand public, d’où ma nomination. Le fait de remporter ce prix a vraiment été une surprise. Même si je m’en doutais un peu la veille, puisque j’étais apparemment le seul à être présent. En tout cas, c’est un grand honneur.

Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours et votre carrière ?

David Poltrock: Tout a commencé avec The Boondocks, un groupe de rock de Poperinge. Ils ont eu quelques hits au début des années 90 et étaient dans le sillage de la musique néerlandophone avec, entre autres, Gorki, De Mens, Noordkaap. En 1993, on est allé enregistrer notre deuxième album aux Pays-Bas et on a ensuite tourné dans de grands festivals comme Marktrock, Maanrock et Gentse Feesten. Mais la véritable avancée a eu lieu en 1998, lorsque j’ai rejoint Hooverphonic. J’ai amené Mario Goossens au groupe, qui m’a ensuite conduit à Monza, le groupe qu’avait créé Stijn Meuris après Noordkaap. A ce moment-là je jouais dans deux groupes qui avaient vraiment du succès en Belgique. Ensuite, j’ai été approché de partout. Il y a peu de gens avec qui je n’ai pas joué, en concert ou en studio. Jusqu’à l’année dernière je jouais avec Hooverphonic, mais maintenant je ne joue qu’avec De Mens et je travaille sur mes propres projets. Ça me donne plus de temps pour travailler sur des productions audiovisuelles. Jusqu’à il y a cinq ans, j’ai travaillé principalement comme producteur, mais je n’ai plus le temps pour ça maintenant.

David Numwami : J’ai un parcours qui est peut-être un peu atypique pour un musicien parce que j’ai étudié la philosophie et ne suis pas passé par un conservatoire. Pendant mes études, j’ai commencé à enregistrer des morceaux dans ma chambre et j’ai monté le projet « Le Colisée ». Ça m’a permis rencontrer des musiciens et de faire des concerts. Pendant ma dernière année d’études j’ai été contacté par le groupe français Frànçois and the Atlas Mountains pour rejoindre leur tournée comme musicien pendant un peu plus d’un an. De là tout s’est enchainé. En fait, si je devais résumer, c’est en faisant de la musique pour moi que j’ai commencé à faire de la musique avec et pour d’autres.

A quel moment vous vous êtes dit que vous ferez une carrière en tant que musicien ?

David Numwami : Quand j’ai terminé ma tournée avec le groupe Frànçois and the Atlas Mountains et que j’avais terminé mes études, j’ai essayé de trouver un boulot en tant que professeur de philosophie. Donc professionnellement, je ne me projetais pas vraiment en tant que musicien parce que je venais de terminer mes études. Et finalement j’ai eu cette proposition de Charlotte Gainsbourg pour suivre sa tournée, sur laquelle je travaille depuis près de deux ans. Être sur la route c’est très addictif, donc pour le moment je me dis que je suis musicien. Une fois cette tournée terminée, on verra. Je vis beaucoup plus au jour le jour qu’avant et suis ouvert à tout.

David Poltrock: Dès mon plus jeune âge, c’était mon rêve. Je voulais étudier la musique mais cela n’était pas bien perçu chez moi. Donc j’ai étudié les langues, mais mes parents ont payé une année d’études de musique après mes études. Au début c’était au Jazz Studio et plus tard au Conservatoire de Gand.

Comment vous êtes arrivés au niveau où vous êtes aujourd’hui ?

David Poltrock : En travaillant dur…  Pendant mes études de musique, j’étais assis derrière un piano 7 à 8 heures par jour pour essayer de maîtriser au mieux l’instrument. A un moment donné, on se rend compte qu’on ne peut pas faire certaines choses, ou qu’en tout cas on ne peut pas le faire aussi bien qu’on le voudrait. Il faut aussi savoir élargir ses savoir-faire et dans mon cas, c’est jouer avec les sons. Je ne suis pas le genre de musicien capable de jouer comme un virtuose, mais je comprends généralement bien le type de son dont une chanson a besoin. Et donc je ne suis pas juste musicien mais aussi compositeur, arrangeur, producteur, et j’enseigne à PXL-Music. C’est une combinaison qui fait qu’en tant que musicien, je n’ai jamais à me soucier de mon travail. Je sais que c’est très difficile de rester là où je suis.

Ce n’est pas toujours évident d’intégrer le monde de la scène et de la musique. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes musiciens ?

David Numwami : Je crois que ce qui m’aide c’est d’avoir toujours un projet à moi, et de ne pas me reposer sur les autres. Les tournées sont toujours de belles surprises avec de chouettes rencontres, mais c’est important d’avoir son propre projet et surtout, que ce projet au centre de vos préoccupations . Et autre chose importante, c’est ne pas être trop pressé, ne pas sous-estimer que les choses peuvent prendre du temps. Ne pas se précipiter et avoir confiance, ça permet de prendre des décisions plus réfléchies.

David Poltrock:  Celui que je donne toujours à mes étudiants, à savoir qu’ils doivent se diversifier et penser plus largement et ne pas se limiter à une discipline dans laquelle ils pensent exceller. Essayez d’être un ingénieur du son, arrangeur, compositeur, producteur… Et de manière à ne pas être dépendant de la simple musique.

Ce qui est également important, c’est d’étendre son réseau en Belgique : être visible, sortir, être agréable à gérer.

Comment décririez-vous le monde de la musique belge ?

David Poltrock: Petit! On peut difficilement parler d’une scène musicale belge, car il y a très peu de contacts entre la scène musicale flamande et wallonne. Si vous êtes occupé pendant quelques années, vous connaissez tout le monde. En Allemagne, chaque scène est un monde en soi, par exemple la scène urbaine, la scène rock, la scène pop, etc. Ces marchés sont plus vastes, et cela rend les différentes scènes beaucoup plus viables. En Belgique, ces scènes n’ont commencé à se manifester que ces dernières années. La scène indépendante a toujours été européenne et internationale, mais les scènes pop et rock restent très petites.

David Numwami : Je dirais que c’est un monde où il y a tout à refaire, pour la partie francophone en tout cas. Il y a eu une période magnifique avec le label les Disques du Crépuscule. On a eu une super génération rock dans les années 2000, une autre belle génération pour la musique indé il y a quelques années. Et là on a l’impression qu’il y a de nouveau de la place, je vois de nouveaux collectifs, de nouvelles scènes. En revanche le hiphop belge se porte super bien. J’ai l’impression que pour la pop, le rock et la musique expérimentale il y a de nouveau une sorte de place vacante, et ça arrive tous les 10 ans, donc il faut en profiter.

Est-ce-que vous pensez être suffisamment informés sur vos droits en tant que musicien ou en tant qu’artiste de manière plus générale ?

David Numwami : Et bien pas vraiment, je viens tout juste de m’inscrire à PlayRight d’ailleurs. Je connaissais l’équivalent français parce que j’avais reçu un t-shirt de la société pendant un concert, mais je n’en savais pas beaucoup plus. J’ai un statut d’artiste que j’ai ouvert récemment et pour le moment ça me convient, mais je ne suis pas vraiment informé sur les alternatives. Beaucoup de mes collègues musiciens me conseillaient d’ouvrir ce statut, puisque j’ai la chance d’avoir une activité régulière avec la tournée, alors je l’ai fait.

David Poltrock: Je pense que c’est un devoir en tant que musicien d’aller chercher les informations. Vous ne demandez pas à un boulanger s’il est suffisamment informé sur les questions de santé publique? Il va aller chercher l’information. Dans la musique, c’est exactement pareil. Il y a suffisamment de services pour informer les musiciens. Et je ne crois pas que ce soit le boulot d’une société de gestion d’informer les musiciens à un niveau individuel. Tout le monde sait qu’en tant que membre on peut poser des questions à PlayRight, SABAM, etc.

Comment pourrions-nous mieux informer les musiciens sur leur droits?

David Numwami : je pense que quand on est vraiment à l’affut et qu’on se renseigne on trouve. Mais j’ai l’impression qu’autour de moi il y a une méconnaissance assez profonde sur les droits, le statut, les salaires et cachets, etc. Moi-même je ne suis pas vraiment informé. Et je pense que parfois en tant qu’artiste on préfère simplement consacrer notre temps à créer, et pas à gérer des tâches administratives. J’ai pour ma part un manager qui fait ce travail et je crois que c’est important de s’entourer de professionnels pour ce genre de choses.

David Poltrock: Je dois dire que j’ai laissé quelqu’un gérer mes droits pour PlayRight, et je lui fait confiance à 100% donc je n’ai pas à trop à m’en soucier. PlayRight a fait d’énormes efforts après ce chaos total d’Uradex. Tout est maintenant clair.

Quels sont vos projets actuels et à venir ?

David Numwami :  Je travaille actuellement sur un album à cheval entre chanson et pop, que j’aimerais sortir d’ici la fin de l’année. Une des raisons pour lesquelles on m’appelle je crois c’est que je fais des morceaux un peu bizarres, entre chanson et pop. J’ai travaillé sur deux titres avec Moodoïd, j’ai travaillé avec Xavier Veilhan (Biennale de Venise) et ai tout récemment enregistré avec Nicolas Godin du groupe Air, dont l’album va sortir bientôt. Et donc je continue de composer et écrire pour moi et serai en concert au Botanique le 26 avril prochain, tout en composant et écrivant aussi pour d’autres artistes. Je suis musicien de session, donc je passe beaucoup de temps en studio. Et le studio c’est ce que je préfère, c’est très important parce qu’un enregistrement ça reste, ça fixe notre travail en tant que musicien. En concert, on vit plus un moment d’interaction alors qu’en studio on peut revivre, réécouter un morceau mille fois et le retravailler.

David Poltrock: Je suis sur le point de commencer mon quatrième album et a priori il sera plus « extrême » que les albums précédents. A la fois beaucoup plus acoustique, aussi beaucoup plus expérimental. Mais je ne peux pas en dire beaucoup pour le moment, je dois d’abord terminer certains projets musicaux pour un documentaire et pour des films. Je pars en tournée avec De Mens très bientôt et, à l’automne, je ferai un autre projet avec Mario Goossens.


Ecouter un titre de David Numwami (en attendant l’album) :

Ecouter David Poltrock: 

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